Dépression, anxiété, bipolarité, trouble de la personnalité borderline, troubles du comportement alimentaire, la "santé mentale" est un qui regroupe plusieurs pathologies. Un terme très large que les cinéastes décident d'élaguer pour parler de choses nettement plus précises. De certains états à leurs conséquences en passant aux méthodes de les combattre. En voici six déclinaisons.
Au travers de plans found footage issus du caméscope de Sophie (interprété dans sa version enfant par la fabuleuse Frankie Corrio) et de plans basiques (entendre, reconnu comme réalisés par Welles et non son personnage), on part à la poursuite d'un père vaporeux, un peu héros, un peu mélo (Paul Mescal dans l'un de ses plus beaux rôles), lors de ce qui semble être ses dernières vacances avec sa fille.
Vite, l'utilisation de ces vues caméscopes, doublées de plans parasites dans une timeline plus avancée, nous indiquent que le papa ne va pas forcément bien. Et par "pas forcément bien", comprenez dépressif. La réalisatrice explore avec Aftersun cette relation père-fille, où la figure parentale doit toujours faire front, ne jamais craquer, se doit de dissimuler, et où l'enfant fait semblant de ne pas comprendre.
C'est un film sublime, mélancolique, qui vous retournera probablement les entrailles, mais c'est absolument à voir.
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Dans ce classique de l'animation signé Satoshi Kon (Paprika, Millennium Actress), nous suivons le personnage de Mima, idole de J-Pop en pleine reconversion professionnelle. De chanteuse, elle souhaite passer à actrice. Elle est rapidement confrontée à des événements qu'on nous présente comme "inquiétant", "à suspense", mais difficile de ne pas comprendre qu'au travers d'actions terrifiantes, le film présente en sous-texte de véritables dérives de la culture fan et de l'industrie du divertissement. Agressions, agressions sexuelles, harcèlement moral, syndrômes post-traumatiques sévères, en autre.
Satoshi Kon utilise son talent visuel pour faire muter ses formes, ses personnages et ses décors sur le terrain de l'onirique, du cauchemardesque, pour dépeindre des réalités pourtant bien nettes et tangibles.
Dans ce drame historique, Cronenberg (Crimes of the Future, Videodrome) raconte la relation entre Sabina Spielrein (Keira Knightley) et les deux grandes figures de la psychanalyse, Jung (Michael Fassbender ) et Freud (Viggo Mortensen). Internée d'abord pour "hystérie" (cette fameuse fausse maladie attribuée aux femmes lorsqu'elles cassaient un peu trop les pieds de leurs homologues masculins), elle se fait accompagner par Jung, et entame une relation adultère avec lui. Tout bascule lorsqu'elle rencontre Freud. Au-delà du simple film à portée éducative sur une maladie mentale, ou un état particulier, ce film est l'occasion de découvrir, avec la mise en scène toujours singulière de Cronenberg, les débuts de la psychanalyse, méthode scientifique qui révolutionne le monde et dont les effets sont toujours visibles.
Ne trempant pas entière dans l'hagiographie, ni dans la critique pamphlétaire radicale, le film se voit véritablement comme un moyen d'observer les techniques pas forcément éthiques (en tout cas, 2024, on condamne ferme) employées lors des balbutiements de cette pensée scientifique.
Un papa veuf peinant à se remettre du syndrome post-traumatique causé par la mort de sa femme part à la recherche de son fils kidnappé. Pour l'aider, une femme au trouble de l'attention et de l'hyper-activité dont la mémoire vacille en permanence l'accompagne. Non, nous ne vous présentons pas le dernier David Fincher, mais bel et bien de Nemo, le classique des studios Disney Pixar. Qu'un film pour enfant aborde en sous-texte des thématiques sérieuses et adultes n'est pas une information inédite, car les productions culturelles à destination d'un jeune public, autant littéraires qu'audiovisuelles, se donnent pour mission d'éduquer les enfants, sans les prendre pour des demeurés. Et Nemo en est sûrement l'un des exemples les plus parlants. C'est un film formidable pour aborder la santé mentale avec un jeune public !
Car au-delà des personnages de Marin et de Dory, d'autres pathologies mentales sont incarnées par des personnages, des plus primaires comme le déni en passant par la plus violente dépression, il suffit d'ouvrir les yeux et les oreilles, et d'aborder le film sous ce prisme pour s'en rendre rapidement compte !
Nous retournons pour cette dernière recommandation dans l'univers hospitalier. Nous retrouvons pour ce long métrage américain les jeunes Winona Ryder et Angelina Jolie.
Internée en 1967 à 18 ans pour une supposée tentative de suicide, Susanna (Winona Ryder) est diagnostiquée avec un trouble de la personnalité borderline. Elle rencontre d'autres jeunes femmes, également internées, et se lie d'amitié avec Lisa (Angelina Jolie). Sa nouvelle amie lui conseille de se méfier des traitements qu'on lui impose, et l'encourage à ne pas avaler les médicaments que l'hôpital lui donne. Elles finissent par s'enfuir de l'établissement psychiatrique, mais de nombreux événements s'enchaînent et mettent leur relation et leur état mental à rude épreuve.
Amies, ennemies, en lutte l'une contre l'autre et contre elle-même, contre les méthodes du système de santé d'une Amérique de 1960, le film propose autant une histoire sur les troubles mentaux qu'une épopée féminine dans un contexte social qui n'est clairement pas bâti à leur avantage.
Comme on est sympas, on avait envie de vous parler d'une web-série, Mental, produite par France Télévision, initialement diffusée sur sa plateforme France.tv Slash, et désormais disponible sur Netflix. On y suit le quotidien d'un groupe d'adolescents pensionnaires d'une clinique de pédopsychiatrie. La série donne l'occasion d'informer sur la santé mentale, mais aussi et surtout de déconstruire des tabous autour de certaines pathologies. C'est interprété par une superbe brochette de comédien.es et c'est absolument à découvrir !
Et, pour terminer, on vous conseille un petit classique hitchcockien, La Maison du Docteur Edwardes, disponible gratuitement sur le site d'Internet Archives ! Dans ce thriller haletant, Anthony Edwardes (Gregory Peck) s'essaye à des méthodes psychanalytiques pour recouvrer sa mémoire, avec l'aide du Docteur Constance Petersen (Ingrid Bergman). Hitchcock parle dans son film de santé mentale, de psychanalyse, explore le pays des rêves dans des séquences dont la direction artistique a été confiée à Salvador Dali. C'est un classique à (re)découvrir, et de rigueur pour notre thématique ciné/santé mentale !
En cas de mal-être, sachez qu'il existe différents numéros de téléphone afin de joindre des services à même de vous venir en aide :
Fil Santé Jeunes : 0800 235 236, appel gratuit et anonyme
Croix Rouge écoute : 0 800 858 858
SOS Amitié : 09 72 39 40 50, appel gratuit et anonyme
Le Numéro national "Souffrance et prévention suicide" : 3114
Pour la prévention du mal-être et du suicide des jeunes : Phare Enfants-Parents
"Dites Je Suis Là" est la plateforme nationale de prévention du suicide pour le grand public
Suicide Ecoute propose une écoute anonyme, apolitique et aconfessionnelle
Pour plus d'informations sur la semaine de la santé mentale, rendez-vous sur le site de Webedia.