François Hollande savait-il ou pas pour le compte suisse de Jérôme Cahuzac ? Durant son interview-vérité sur BFMTV, l'ex-ministre du budget a laissé planer le doute après avoir indiqué qu'il abandonnait son siège de député. Une petite phrase qui agace le gouvernement et agite l'UMP.
Suite à ses aveux sur son compte en suisse, ils étaient nombreux au gouvernement à être contre le retour de Jérôme Cahuzac à l'Assemblée nationale. François Hollande, "meurtri et blessé" par cette affaire y était farouchement opposé, tout comme le premier-ministre Jean-Marc Ayrault. Pourtant jusqu'ici l'ex-ministre du budget ne fermait la porte à aucune possibilité. Ce mardi soir, lors d'une interview accordée à BFMTV, Cahuzac s'est finalement fait une raison. Pendant une demi-heure, l'ex-chirurgien s'autoflagelle et évoque une "faute morale" avant d'annoncer qu'il renonce à son siège à l'Assemblée nationale.
Cette déclaration aurait pu faire le bonheur du gouvernement, si l'ex-ministre n'avait pas eu une malheureuse phrase à l'encontre d'Hollande. "J'ignore quel était le niveau de connaissance du Président de la République de cette affaire" lâche-t-il au milieu de l'inteview, alors qu'il y a quelques jours, il défendait Pierre Moscovici, victime collatérale de l'affaire Cahuzac. Il précise tout de même : "Au Président, comme au Premier ministre, je n'ai pas dit la vérité". Le doute plane. Pour la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, interrogée par France Info, cette phrase est une "peau de banane" glissée au Président. Elle "montre bien la nature des relations entre Francois Hollande et Jérôme Cahuzac avant cette histoire". Ayrault juge quant à lui l'intervention télévisée de Cahuzac "pathétique" sur France Inter.
La petite phrase de Cahuzac à l'encontre d'Hollande servira de pâture à l'opposition. François Copé en profite pour s'engouffrer dans la brèche. Il réclame des comptes au gouvernement. "Un certain nombre de zones d'ombre, comme dit Jérôme Cahuzac, ne sont pas levées. Lorsque Jérôme Cahuzac dit qu'il ignore lui-même le degré de connaissance par François Hollande de sa situation, ça en dit long sur l'incertitude" assène-t-il. Cette petite phrase risque bien d'avoir quelques conséquences sur le gouvernement.