Gotham City, début des années 80. La ville est sale, corrompue. La vie y est dure pour les gens ordinaires alors que les milliardaires se pavanent dans les hautes sphères. Parmi eux, Thomas Wayne, le père de Bruce Wayne. Arthur Fleck (Joaquin Phoenix ) est un clown raté. Rêvant de devenir comédien de stand-up, il peine à trouver sa place dans le monde. Arthur fait partie des parias, des rejetés, des méprisés. Poussé à bout, meurtri, il va progressivement plonger dans la folie et devenir le Joker.
En écrivant sa propre origin story du personnage, Todd Philipps s'offre un virage à 180°, loin du reste de sa filmographie (la saga Very Bad Trip entre autre). Joker est le film lié aux super-héros que l'on n'osait plus espérer. Surtout de la part de DC. Les fans d'Aquaman, de Wonder Woman ou encore de Shazam! et de Suicide Squad risquent d'être déçus. Voire désarçonnés. Ce Joker n'a rien à voir avec le reste du DCEU. D'où l'insistance de Todd Philipps à expliquer que ce n'est pas un film du DCEU. Ce Joker est dans une autre réalité que celle de Jared Leto face à Margot Robbie.
Accepter le rôle du Joker après Heath Ledger, Jack Nicholson et Jared Leto, n'est pas offert à tous. Difficile de ne pas être immédiatement comparé aux autres acteurs qui ont incarné l'ennemi n°1 de Gotham. C'était sans compter sur les capacités d'un acteur de la carrure de Joaquin Phoenix. L'américain fait plus qu'incarner le Joker. Il l'habite, le réinvente. Sa prestation est hantée à ce point. Il irradie tellement le film qu'il finit même par le surpasser. Impossible de sortir de la projection du Joker sans avoir son sourire à l'esprit et sans que résonne son rire de maniaque.
En ces temps de suite, reboot, remake, spin off, c'est presque miraculeux qu'un studio comme DC/Warner ait accepté de financer un film adulte et malade consacré au grand ennemi de Batman. Todd Philipps réinvente la légende du Joker et livre un film sous tension, bâti comme une véritable descente aux enfer rappelant le mythique Taxi Driver de Martin Scorsese. Audacieux et sublime.
Une suite est-elle possible ? Vu la fin (que l'on ne spoilera pas, pas de panique !), on dira que oui. Mais Todd Philipps a déclaré que son histoire tenait sur un seul film et qu'aucun n°2 n'était en réflexion (et certainement pas de rencontre avec le Batman de Robert Pattinson). Néanmoins Joaquin Phoenix s'amuse à confier en interview qu'il existe de nombreuses ouvertures pour une éventuelle suite. "Ce rôle est devenu le rôle de rêve" a expliqué Phoenix au magazine Rolling Stone. "Ce n'est pas quelque chose que j'envisageais avant de travailler sur ce film... Todd et moi discutons de ce qu'il serait possible de faire avec le Joker... Si on le pouvait, on aurait déjà commencé à tourner...". A suivre donc. En attendant, savourons ce Joker.
Joker, actuellement au cinéma.