Cela fait plus de trois ans maintenant que Pop Smoke a été assassiné et il manque énormément à toute la grande famille du hip-hop américain. Dans la nuit du au alors qu'il se trouve à son domicile californien, plusieurs individus armés s'introduisent chez lui. Plusieurs coups de feu sont tirés et l'artiste est déclaré mort quelques minutes après. Une véritable tragédie, d'autant plus que l'artiste était âgé de seulement 20 ans et en pleine ascension au sein de la scène US, destiné à devenir l'un des nouveaux visages du rap outre-Atlantique pour de nombreuses années.
Car le rappeur new-yorkais, qui aurait dû célébrer son vingt-quatrième anniversaire ce jeudi 20 juillet 2023, était la tête d'affiche d'un mouvement en pleine expansion : la drill. Ce sous-genre musical du rap a vu le jour aux États-Unis, et plus précisément à Chicago, au cours des années 2010 sous l'impulsion d'artistes comme Chief Keef. Rapidement, la violence et la froideur du registre atterrit dans les oreilles d'artistes londoniens, qui vont se réapproprier le genre avec pour en faire la UK Drill. C'est à ce moment que le courant musical explose aux quatre coins du monde. Si en France, des artistes comme Freeze Corleone et Gazo explosent, dans le pays de l'Oncle Sam, c'est Pop Smoke qui incarne à lui tout seul le retour de ce style musical sur sa terre natale, après avoir été quelque peu agrémenté de musique électronique pour augmenter le BPM et rendre les basses encore plus saturées. Une exposition qu'il doit à un tube international : Welcome to the party.
Le titre tourne absolument partout et devient un hymne. La voix grave à souhait de Pop Smoke, aussi terrifiante qu'entrainante, marque les esprits. En cette année 2019, le rap américain entre dans une nouvelle ère. Des artistes hyper-référencés saluent son travail et ce titre, extrait de sa première mixtape "Meet the Woo". D'autant plus que quelques mois plus tard, le rappeur originaire de Brooklyn remet ça et va même frapper encore plus fort avec Dior. Les ingrédients sont les mêmes, tant musicalement que visuellement, mais la formule est encore mieux rodée avec un refrain bien plus accrocheur - bien qu'ouvertement homophobe. Le succès est total, les remix de ses deux hits pleuvent et Pop Smoke peut passer à la prochaine étape de sa carrière : la confirmation.
Une épreuve passée haut la main avec le deuxième volume de sa mixtape. Les présences de Quavo, A Boogie wit da Hoodie ou encore Lil Tjay sur le projet témoignent de son nouveau statut, tout comme sa participation au projet "Jackboys" de Travis Scott en personne quelques semaines plus tôt. Seulement, le drame survient deux semaines à peine après cette nouvelle sortie. Le rappeur est fauché alors que les sommets lui tendaient les bras. Cette brusque disparition attriste les auditeurs de la première heure et fascine les autres, lui ramenant alors de nombreux fans. Les streams explosent et il devient presque une icône de ces dernières années.
Fort de cet engouement, qui était attendu de son vivant mais qui a été paradoxalement exacerbée par sa mort, ses proches souhaitent exploiter les titres et autres démos du rappeur enregistrés avant son décès. Son premier album, posthume donc, "Shoot For The Stars Aim For The Moon", s'offre un confrère légendaire de Big Apple en la personne de 50 Cent comme producteur exécutif du disque. Les collaborations sont légion pour combler les couplets manquants : Future, Roddy Rich, Lil Baby, DaBaby, Quavo, Swae Lee (du duo Rae Sremmurd), Tyga ou encore Kings Combs (le fils de P. Diddy, pour l'anecdote) se retrouvent sur le projet. Immédiatement, le succès est mondial et dépasse toutes les limites du prévisible et du raisonnable : il devient l'artiste le plus écouté au monde sur la plateforme de streaming musicale suédoise Spotify le jour de la parution avec pas moins de 41 millions d'écoutes enregistrées. Cet effort est numéro un du Billboard 200 dès sa première d'exploitation. Il restera sur le trône durant 19 semaines (non consécutives). Tous les titres intègrement le Billboard Hot 100. Époustouflant.
Un second album intitulé "Faith" voit le jour en juillet 2021. Mais les voix s'élèvent contre ce qui s'apparente à une exploitation de toutes les maquettes de l'artiste. De plus en plus de personnes dénoncent un disque que Pop Smoke n'aurait pas voulu de son vivant. Sa musique est de plus ou plus dénaturée de sa proposition originale. Et cela se ressent sur les chiffres qui, bien qu'ils demeurent excellents, sont bien moins élevés que ceux de "Shoot For The Stars Aim For The Moon". Pourtant, les stars sont encore plus nombreuses : Kanye West, Pusha T, Rick Ross, The-Dream, 21 Savage, Takeoff, Chris Brown, Dua Lipa, Pharrell Williams ou bien Kid Cudi figurent sur la tracklist. Ce sera là l'ultime oeuvre d'un artiste parti bien trop tôt, qui a marqué au fer rouge son époque en laissant une trace indélébile sur le rap américain, avant de s'en aller rejoindre les étoiles.