Le harcèlement sexuel et les abus de pouvoir afin d'obtenir des faveurs sexuelles n'ont malheureusement pas de limite. On a pu le découvrir à travers le mouvement MeToo, cela touche tous les secteurs (le cinéma, la musique, la politique, le monde de l'entreprise...), à commencer par celui de YouTube. Oui, malgré une image cool et légère, le monde de la création de vidéos en ligne a été violemment bousculé en France en août 2018.
Lassé par l'hypocrisie ambiante dans ce milieu,Squeezie - qui avait eu vent de bruits de couloir inquiétants, avait en effet profité de son compte Twitter pour lancer malgré-lui un autre mouvement d'une grande ampleur : #BalanceTonYouTubeur. "Les YouTubeurs (y compris ceux qui crient sur tous les toits qu'ils sont féministes) qui profitent de la vulnérabilité psychologique de jeunes abonnées pour obtenir des rapports sexuels on vous voit. La vérité finit toujours par éclater" écrivait-il ainsi à l'époque.
Près de 3 ans plus tard, le vidéaste avoue regretter ce coup de gueule qui a rapidement pris des proportions démesurées. Attention, le vidéaste ne nie absolument pas les problèmes provoqués par certains créateurs de la plateforme. Au détour d'un long entretien accordé à Mouloud Achour dans Clique, Squeezie a au contraire rappelé qu'il est le premier à regretter que certaines personnes malintentionnées aient abusé/abusent de leur notoriété, "J'entendais des bruits de couloir dont certains je sais que c'était vrai. (...) Y avait des trucs sur les mineurs, où ça draguait les mineurs en conventions. Ce genre de trucs. Globalement c'était toujours de l'abus de notoriété, de pouvoir, sur la psychologie de certains fans. Evidemment les plus jeunes sont plus vulnérables car plus influençables."
Un problème d'autant plus important que, selon l'interprète d'Oxyz, les YouTubeurs ont un rapport totalement différent avec leur public, "Sur YouTube, il y a vraiment un truc où les gens se sentent particulièrement proches de nous. Beaucoup plus qu'avec un artiste de musique, un acteur de cinéma. Et je me suis dit 'Putain c'est relou d'utiliser ce pouvoir-là pour arriver dans différents abus'. Ca me faisait chier. Je sais à quel point ce pouvoir il est immense."
Mais alors, si les accusations étaient fondées, pourquoi regrette-t-il désormais ce coup de gueule ? Tout simplement parce que son exécution n'a pas été réfléchie et maîtrisée. Il l'a révélé, "J'avais fait ce tweet naïvement, histoire de mettre un petit coup de pression aux mecs." Or, il l'a ensuite confessé, "C'était hyper hautain de faire ça, j'étais vraiment con. Je m'y suis mal pris."
Et pour cause, plutôt que de réellement permettre la libération de la parole aux victimes, son message a principalement entraîné un mouvement malsain avec un lynchage public de nombreux vidéastes, "C'est pour ça que je m'en veux. C'est tout le problème, ça a créé ce truc de 'C'est lui, ah non c'est lui, là c'est sûr que c'est lui'. Et dans le tas tu avais des mecs qui n'avaient rien fait du tout et à l'inverse t'avais des mecs hyper sombres qui n'ont même pas été pointés du doigt."
Avec le recul aujourd'hui, il s'avoue donc déçu de ne pas avoir réussi à ouvrir la porte de cette problématique de la façon la plus forte et légitime possible, "Je me suis dit 'Mais non mais c'est trop con, faut pas s'y prendre comme ça. Faut s'y prendre en donnant une tribune aux gens qui ont besoin de s'exprimer sur ce truc là parce qu'ils l'ont vécu, plutôt que toi, d'arriver sur ton cheval avec ton épée. Tu vas rien faire du tout, c'est idiot.' (...) Je m'y suis vraiment pris de la manière la plus nulle à chier qui soit et je m'en voulais grave derrière. Parce que en fait, ça ne menait à rien."