Depuis 2010, From Software a placé la mort sur un piédestal au sein de ses productions. De cette conception morbide a vu le jour la série d'action-RPG "Souls" (Demon's Souls, Dark Souls 1 & 2) ainsi que le dernier bébé d'Hidetaka Miyazaki : Bloodborne. Dans ce dernier, on incarne un chasseur (créé à l'aide d'un outil de création de personnage complet avec notamment un système de background qui influence les stats) envoyé à Yharnam, une ville gigantesque habitée par des paysans hostiles armés jusqu'aux dents et des créatures échappées d'un conte de Grimm (loups-garous, trolls...). Votre rôle dans cet enfer ? Révéler les motivations d'une église à l'origine d'une étrange thérapie du sang qui a transformé les habitants de la cité en zombies sanguinaires. Mais ne pensez pas que cette mission peut-être facilement mené à bien.
Car la mort vous attend au tournant ! Celle-ci vous suit d'ailleurs en permanence. Et vous n'y échapperez pas. Il est donc nécessaire d'avoir les nerfs solides mais aussi et surtout de bien comprendre qu'elle fait partie du gameplay. Tout au long de la progression, on affronte en effet des ennemis et boss redoutables, capables de vous ôter la vie en un coup de griffes. Des situations frustrantes, que l'on doit à une difficulté relevée et punitive, et auxquelles s'ajoute le fait que la partie se réinitialise à chaque décès. Ainsi, après un Game Over, les monstres exterminés réapparaissent revivifiés comme si rien ne s'était passé. D'un côté, on se tire les cheveux de devoir tout recommencer depuis un checkpoint. Mais de l'autre, on ressuscite plus fort et avec l'étrange envie de retourner au front pour braver la mort qui nous aime tant.
Un destin funeste contre lequel il est tout de même possible de se défendre. Avec l'esquive tout d'abord, qu'il est impératif de maîtriser pour échapper à des coups mortels. Le joueur peut aussi s'équiper d'armes à chaque main : une arme principale tranchante ou contondante (épée, hache, marteau...) avec laquelle on peut asséner différents types de coups (simples et rapides, puissants et lents ou chargés) ; et une arme à feu tirant des projectiles aux dégâts faibles mais capables de stopper un adversaire en pleine action (combo). Les ennemis éliminés laissent également parfois derrière eux des objets utiles comme des fioles de sang (soin), des balles ou des cocktails molotov. Un stock qu'il convient d'entretenir constamment en vue des combats haletants contre les boss très variés et puissants du jeu. En conséquence, Bloodborne propose de longues heures de jeu (et de farming).. si vous avez le courage suffisant pour le terminer !
Action-RPG oblige, un système d'expérience, simple et efficace, est par ailleurs de la partie. Il s'appuie sur des échos de sang (récupérés en tuant des monstres) à dépenser dans "Le rêve du chasseur" (zone accessible via les lanternes de checkpoint... ce qui a pour effet de réinitialiser le jeu). Cette monnaie permet d'augmenter ses stats, d'acheter des items ou de fortifier ses armes (à condition de posséder d'autres objets rares). Mais accumuler de l'XP n'est pas aussi facile. En cas de mort, le compteur d'échos de sang tombe à 0. Il est malgré tout possible de les récupérer, soit en interagissant avec sa flaque de sang laissée sur les lieux de son trépas, soit en tuant un ennemi (identifiable par ses yeux luisants) qui s'en est abreuvé. Il est donc parfois de rigueur de dépenser l'XP acquise avant de la voir s'envoler pour de bon dans une fin des plus rageantes.
A noter que Bloodborne se révèle légèrement plus accessible pour les néophytes qui n'ont pas eu l'occasion de suer sur la saga "Souls". Cela passe principalement par l'ajout de fonctionnalités en ligne qui permettront aux joueurs d'être épaulés par deux amis ou encore de lire des précieux conseils laissés sur le sol par d'autres aventuriers. Le titre de From Software s'apprécie cela dit bien plus en solo. A vous de choisir si vous préférez avoir à l'aide (via une clochette récupérée dans le Rêve du Chasseur) ou affronter vos cauchemars seul. Pour les joueurs amateurs de challenge, le donjon Chalice vous donnera du fil à retordre !
Il serait quoi qu'il en soit bête de ne pas augmenter ses chances de survie, au risque de passer à côté de la direction artistique très riche et soignée du jeu. L'univers victorien et fantastique de Yharnam, qui dévoile progressivement ses facettes à mesure que l'on accède à de nouvelles zones, offre des panoramas somptueux ainsi que des environnements et donjons à la modélisation regorgeant de détails. Graphiquement, les développeurs ont su dompter la puissance de la PS4 pour proposer des visuels sombres qui claquent la rétine. Ils ne leur manquaient plus qu'à greffer au titre une BO oppressante composée de thèmes épiques et de grognements divers. Seul reproche : des temps de chargement bien trop longs.
Verdict : A l'instar de Demon's Souls et Dark Souls, Bloodborne n'est pas un jeu à mettre en toutes les mains. Si son gameplay se révèle plus souple que celui-ci de ses prédécesseurs - grâce notamment aux mécaniques multijoueurs, il n'en reste pas moins punitif et exigeant. Pour ceux qui n'ont pas peur du challenge et de voir la mort en face - et ce plus d'une fois, le titre de From Software est tout trouvé ! D'autant plus qu'il profite d'une direction artistique très réussie.
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