Il suffit de peu pour énerver un misogyne, et/ou un homophobe. Exemple ? Qu'un mec s'essaie au vernis à ongles. La chose a pourtant déjà été observée au détour de certains buzzs par le passé. Lorsque c'est la popstar Harry Styles qui affiche fièrement ce choix stylé par exemple. Là, la fanbase est plutôt réceptive et accueille avec joie la manière dont le chanteur interroge les stéréotypes de genre.
Mais autre salle, autre ambiance : quand Drake s'y met, là, ça ne va plus. Du tout. L'interprète de Hotline Bling l'a hélas capté en partageant sur ses propres réseaux une vidéo où il arbore des ongles vernis en rose tout en écoutant du Kanye West. Un sacré combo s'il en est, qui met à l'honneur les joies de la manucure. Et qui a engendré malheureusement des commentaires clairement homophobes de la part de certains fans.
Sur Twitter, les retours sont éloquents : "Drake a mis du vernis a ongle et la première story que je vois sur Insta c'est 'Je ne suis plus un fan de Drake désormais'", "les gens qui chialent parce que Drake met du vernis, vous avez pas autre chose à foutre mdrr", "Drake, je l'aime bien, mais le truc du vernis, c'est trop nouveau monde", "Drake, t'es mon chanteur préféré, mais le vernis, c'est pas pour toi"...
Réaction de la mégastar du rap ? "Barre-toi de mes commentaires !". Ca a le mérite d'être clair.
Pour Drake toujours, qui a rétorqué dans ses commentaires aux moqueries de son ami (et rappeur) Lil Yachty, "le monde est homophobe". Voilà qui est dit. L'artiste a aussi fait référence aux sous-entendus déjà très très douteux dont il avait fait l'objet lors de son très remarqué featuring avec le rappeur 21 Savage sur la chanson Rich Flex en novembre 2022 : "les gens sont homophobes pour la première fois depuis Rich Flex, ce qui quand j'y pense ne remonte pas à si longtemps", a-t-il ironisé.
Et oui Drake, "le monde est homophobe", et le milieu du rap ne va pas venir démentir la chose. "Le rap est un milieu très macho qui a toujours mis en avant la virilité. Traiter l'autre de 'pédé' est le meilleur moyen de dire que vous êtes le mâle dominant et que l'autre est une femelette", observait le journaliste rap Thomas Blondeau il y a cinq ans déjà, lors d'une enquête dédiée. Heureusement, des artistes contribuent à bousculer le genre (musical, et pas seulement), de Frank Ocean hier à Lil Nas X aujourd'hui.
En France, les voix sont rares mais existent aussi, tel le rappeur Lapsuceur, auteur du hit Suce ton pote. Le jeune vidéaste et rappeur Theodort s'est également amusé à tourner en dérision auprès des jeunes générations la culture viriliste du rap à travers l'un de ses personnages fictifs, le rappeur "Payday", "premier rappeur gay", notamment au coeur d'une vidéo qui a dépassé le cap des trois millions de vues. De l'humour qui fédère, pour casser un vrai tabou, quitte à déranger les auditeurs les plus étroits d'esprit.
De quoi faire évoluer les mentalités ? Comme Drake, on croise les doigts.