Peut-on passer d'icône à antagoniste ? C'est ainsi que semble se résumer la trajectoire de J.K. Rowling pour bien des fans désenchantés. L'autrice de Harry Potter, parmi les plus grandes romancières britanniques vivantes en terme de notoriété, n'en finit pas depuis des années de s'embourber dans des controverses abondamment glosées.
Sur Twitter, J.K. Rowling a régulièrement remis en cause la légitimée des personnes transgenres et de leurs droits en s'en prenant directement à elles. L'écrivaine n'hésite pas à contester le fait que les femmes trans sont des femmes et raille volontiers l'appellation "personnes qui ont leurs règles". Et malheureusement pour les fans de son oeuvre, qui assument de moins en moins aimer ses livres, un nouveau triste chapitre vient de s'ouvrir en ces temps de Jeux Olympiques 2024 à Paris.
Encore une fois, l'autrice s'est permise une publication controversée, le tout sur un sujet qui n'a absolument rien d'anecdotique. Sur Twitter, J.K. Rowling a effectivement commenté une photo de la boxeuse algérienne Imane Khelif face à la boxeuse italienne Angela Carini de ces mots : "Une image pourrait-elle mieux résumer le 'nouveau mouvement pour les droits des hommes' ? Voilà le sourire narquois d'un homme qui se sait protégé par un comité sportif misogyne. Une jeune boxeuse vient de se voir voler tout ce pour quoi elle s'est entraînée parce que vous avez permis à un homme de monter sur le ring avec elle"
Vous avez bien lu, ce que prétend ici J.K. Rowling ici, c'est qu'Imane Khelif serait un homme, et non pas une femme, frappant une adversaire féminine dans le cadre d'un duel, ce qu'elle considère peu équitable. Or, en faisant ça, l'autrice renie avec ironie la véritable condition de femme d'Imane Khelif, championne de boxe, qui bénéficie simplement d'un taux élevé de testostérone.
Non seulement les propos de Rowling sont donc faux, mais ils sont surtout dangereux. Admirée du public des Jeux Olympiques 2024 pour sa puissance, la boxeuse de 25 ans est victime depuis des jours d'un cyberharcèlement virulent qui est notamment né de ces attaques. Mais pas seulement. L'ancien Ministre de l'Intérieur italien Matteo Salvini, s'en est aussi mêlé, reprenant la même fake news (Imane Khelif serait un homme, non une femme), tout comme la Première ministre italienne d'extrême droite, Giorgia Meloni. Celle-ci a ouvertement jugé que "ce n'était pas une compétition équitable"
Aux côtés de l'extrême droite italienne, c'est son ancienne adversaire, depuis battue, la Hongroise Luca Anna Hamori, qui avait relayé la même "intox" sur TikTok, en témoignant ainsi : "Cela m'a pris toute une vie pour être aux Jeux olympiques et c'est peut-être un homme qui brisera mon rêve. Je dois boxer contre un garçon. Peut-être qu'il m'empêchera de gagner une médaille olympique''.
En fait, ce que l'on reproche à la boxeuse algérienne (qui soit dit en passant, n'est même pas une personne transgenre), c'est de ne pas correspondre aux critères de beauté associés aux femmes. Des diktats de féminité qui pèsent très souvent sur les athlètes féminines : trop musclées, pas assez fines, pas assez glamour, bref, insuffisamment "femmes". Comme si la force était forcément synonyme de virilité.
On peut déplorer que JK Rowling adhère à un tel discours, mais heureusement, Imane Khelif n'est pas du genre à se laisser abattre par une telle honte. Ce vendredi 9 août 2024, la boxeuse est en effet devenue Championne Olympique en battant Yang Liu en finale des moins de 66 kilos, ramenant une belle médaille d'or à l'Algérie. Une fin heureuse comme on aime tant en voir aux JO !