Pour les personnes trans, J. K. Rowling est vite devenue l'équivalent de Voldemort. Elle est celle dont on ne doit pas - ou plus - prononcer le nom. Toute une partie des Potterhead s'est désolidarisée de la romancière. Et même le casting originel : Emma Watson notamment, ne cache pas sa réticence (euphémisme) envers l'autrice.
La raison ? Elle est simple comme un Wingardium Leviosa. Sur les réseaux sociaux, Rowling ne se prive jamais de réagir aux publications concernant les transgenres, et plus précisément les femmes trans, par de l'ironie. Elle conteste plus ou moins ouvertement leur condition de femme et les renvoient à leur sexe biologique.
C'est si redondant d'ailleurs que récemment encore, le fameux Musée de la culture pop de Seattle (ou MoPop), en protestation aux "commentaires haineux" de la romancière, décidait de la rayer totalement de son expo dédié au mythique sorcier. "Cancel culture" pour certains, réaction à la transphobie ordinaire pour d'autres.
J. K. Rowling mérite-t-elle cette censure ? En tout cas, elle ne fait rien pour apaiser les braises ! Le 17 octobre dernier, l'auteure britannique a encore scandalisé. Elle a partagé une illustration auréolée de l'accroche "Répétez après nous : une femme trans est une femme" en commentant simplement... "No". "Non".
C'est ce qui s'appelle "persister et signer"...
Toujours est-il qu'on a connu la romancière plus... "Subtile". En réaction à un internaute jugeant ses propos discriminatoires, sources de haine et passibles de deux ans de prison, l'autrice britannique a par ailleurs ajouté : "Je ferai deux ans de prison avec plaisir, si l'alternative est le déni forcé de la réalité". Au moins, c'est dit.
Sur une célèbre photo qui a eu son petit succès sur Instagram, Emma Watson, notre Hermione devant l'Eternel, posait fièrement en arborant un t shirt blanc griffé d'un puissant slogan : "Trans rights are human rights" - "Les droits des trans sont des droit humains". Selfie qui l'a érigée en icône des personnes "cis" luttant pour les droits desdites personnes trans, et de la communauté LGBTQ en général. L'inverse de J. K. Rowling donc.
On pourrait (presque) prendre ces "taquineries" à la légère si et seulement si, quoi qu'en pense la romancière, la transphobie n'était pas une réalité. Autrement dit, les violences, verbales, physiques, que se prennent les personnes trans dans la face, en France, outre-Atlantique, ou dans des pays qui les condamnent... à la torture. Au Kenya par exemple, des femmes trans, réfugiées dans des camps, sont battues, persécutées, violées.
La transphobie tue.
Selon l'association SOS Homophobie, le nombre de violences commises à l'encontre des personnes trans en France aurait d'ailleurs augmenté de 27 % en 2023. Etude qui prend appui sur les témoignages de 1 506 personnes. Est-ce qu'ignorer l'existence des femmes trans, ce n'est pas ignorer leur sort ? C'est fort possible.